entre politique et littérature

 

Vous allez vous arrêter un bon moment, tous les trois, sur le rôle de mécène développé par la duchesse d’Aquitaine avec son deuxième mari, Henri II, parce que de son intérêt pour la culture se dégagent des conséquences fondamentales pour la politique et pour le bagage intellectuel européen.

 

Sur ce site vous pouvez trouver des extraits d’actes d’un colloque international sur la cour Plantagenêt. C’est un peu comme voir la cour de l’intérieur. Vous pourrez observer les stratégies matrimoniales, vous rentrerez en contact avec la domesticité royale, avec les écrivains qui travaillaient à la cour, avec la redécouverte de l’antiquité classique et les liens entre politique, propagande et culture

 

Vous avez pu observer que s’il y a un aspect qui caractérise l’orientation idéologique de la cour Plantagenêt c’est bien le savoir profane, tout savoir profane. Un aspect qui devait se heurter forcément aux desseins de l’église de Rome (qui jugeait par ailleurs dangereux tous ces écrivains qu’elle ne contrôlait pas). Vous trouverez un exemple de ce conflit avec le pouvoir ecclésiastique dans l’opposition du roi d’Angleterre avec Thomas Becket, archevêque de Canterbury

 

Vous devez avoir présent à l’esprit les conditions dans lesquelles Henri II et Aliénor furent couronnés rois d’Angleterre. Ils étaient très intéressés sur le passé de leur royaume. C’est ce qui favorisa une florissante historiographie normande. Le rôle des chroniqueurs était donc celui de répandre une idéologie basée sur la recherche des origines et du passé glorieux des ducs de Normandie. L’on justifiait ainsi, avec l’Histoire, leurs prétentions de souveraineté (comparez avec la cour française).

 

Voyez donc, dans ce résumé d’un autre colloque sur la culture politique des Plantagenêts, leurs efforts pour manipuler les sources d’information

 


Les rois d’Angleterre ont rapidement compris que leurs intermédiaires avec l’opinion publique devaient être ces écrivains comme Benoît de Saint Maure ou Wace auquel on commanda la Geste des Normands avec de claires intentions politiques.


Observez un peu de près, sur ces deux adresses, quelques exemples de littérature politique. Dans la deuxième vous trouverez le texte en anglo-normand du “Roman de Rou” dédié à Aliénor, où on la présente flatteusement et où, tant qu’on y est, on profite pour charger contre son premier mari, Louis VII de France


Mais la plus fameuse utilisation politique des rois d’Angleterre est sans doute celle qui fait référence à la légende arthurienne. La première fois que l’on voit surgir avec force ce personnage d’Arthur, vers 1135 et en latin, c’est sous la plume de Geoffroy de Monmouth, pour le père d’Henri II. À travers, soit-disant, la bouche de Merlin on commence à suggérer une communauté d’intérêts entre les normands et les bretons...

 

 

Lorsqu'elle vient d'accéder au trône d’Angleterre, qu’est-ce que fait Aliénor? Eh bien, charger Wace d’une traduction de cette œuvre en roman, le “Roman de Brut”, voilà la source d’une grande partie de la littérature médiévale. Regardez cette introduction à la matière de Bretagne et ses rapports avec la cour Plantagenêt


Après l’invasion normande de l’Angleterre tout porte à croire que la légende celte s’est répandue à travers le continent. Où elle s’imprégna de l’esprit courtois qui s’était étendu dans le Nord, favorisé par le mariage d’Aliénor et de Louis VII. C’est vrai qu’Henri et Aliénor n’ont pas inventé l’histoire de ce roi mythique, mais la façon dont elle a commencé à se propager dans toute l’Europe peut leur être attribuée en bonne partie. Cherchez ici-bas (légendes: le roi Arthur) quels motifs politiques pouvait avoir Henri II

Vous ne le saviez sans doute pas mais la reine Aliénor s’est engagée suffisamment dans cette histoire comme pour “découvrir”, à l’abbaye de Glastonbury (identifiée à l’île d’Avalon où repose théoriquement le roi Arthur en attendant son retour) les “véritables” tombeaux du roi Arthur et de la reine Guenièvre (parole!)...


Regardez ces webs, vous y trouverez même quelques photos de certaines ruines que l’on visite encore aujourd’hui avec grand intérêt.



Ci-dessous vous pouvez lire un article en profondeur sur la chevalerie arthurienne et la “translatio”, une analyse sur les métamorphoses du mythe dans ce centre culturel d’avant-garde qu’était la cour Plantagenêt. Dans leur effort de légitimation du pouvoir, les rois d’Angleterre ont voulu faire du pays l’héritier de la translatio “studi et imperii”.

 

Quant à la “translatio religionis” c’est curieux mais dans l’imaginaire collectif celte (qui nourrit la légende arthurienne) Rome est plutôt perçue comme un danger et un adversaire. Très en ligne avec les conflits que les rois d’Angleterreont ont soutenu contre le pouvoir papal. Regardez, par contre, comment se transforme la chevalerie en vecteur de propagation du savoir oriental, et profane en général

 

Pour finir votre parcours je vous propose deux dernières pages sur le rôle d’Aliénor et de sa cour, là où l’on a fabriqué, ou aidé à fabriquer cette heureuse synthèse entre courtoisie, thèmes chevaleresques et mythes celtiques.


Dans la deuxième adresse on insiste en plus sur les liens internationaux de la cour anglo-normande et sur l’émulation de la culture et des modes littéraires qu’elle favorisa dans toute l’Europe

 

 

Toutes mes félicitations, vous avez réalisé un très bon travail. Une fois arrivés, je peux vous dire que vous formez partie des spécialistes qui connaissent le mieux ce fascinant personnage. Vous êtes donc prêts pour mener à bien votre rapport.

Une dernière remarque. Aliénor a été enterrée dans sa chère abbaye de Fontevraud, avec Henri II et son fils préféré, Richard Cœur de Lion. Aujourd’hui encore on peut voir leurs sculptures polychromes sur les sépulcres. Ces figures se présentaient normalement les mains jointes comme en prière; si le défunt était un homme d’église, la crosse entre les mains, ou bien s’il s’agissait d’un guerrier, cas d’Henri II, les mains ceignaient l’épée. Or, Aliénor, duchesse d’Aquitaine, reine de France puis d’Angleterre, qu’est-ce qu’elle tient entre ses mains?



Intéressant, n’est-ce pas?

 

 

 

 

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