être femme au moyen-âge

 

Voilà un travail pour le spécialiste en biographies
Tu sais faire revivre à merveille les personnages du passé. Très fort à l’heure de rendre une atmosphère historique, tu possèdes en plus une idée très précise sur le graphisme et la conception esthétique avec laquelle doit être présenté votre produit final.

 

Il te faudra commencer par une vision assez générale du quotidien au moyen-âge, de la vie de tous les jours, avec un intérêt spécial, évidemment, pour l’univers féminin (souviens-toi du nombre d’enfants d’Aliénor): la femme, les mariages, les enfants, l’éducation. Tu as ici un site avec une très bonne présentation sur la vie à cette époque. (Pssst: si tu vas à “Arthur” tu trouveras un renseignement intéressant sur la création de la légende. Tes collègues, par d’autres chemins, ne tarderont pas à le mettre en rapport avec Aliénor. Commente-le avec eux)


Une page un peu disperse mais qui touche malgré tout beaucoup de thèmes: la femme au moyen-âge, le mariage, corps et maternité, prostitution, vie professionnelle des femmes...

 

Didier Lett, chargé de cours d’Histoire médiévale à l’université de Paris I-Sorbonne et chercheur au CNRS, nous propose un article sur la femme, les couples, les enfants, et l’incroyable poids de l’église de Rome dans le lit de tout le monde, façon de parler...


J’ai déjà commenté l’écrasant pourcentage de voix masculines, d’hommes d’église, dans les renseignements de première main dont nous disposons, mais je voudrais maintenant me centrer sur leur message, justement. Oui, parce que pendant le moyen-âge il s’est produit aussi une forte discussion sur le fait que les femmes puissent être ordonnées.


En critiquant ouvertement cette possibilité, les théologiens de l’époque nous ont livré “de première main” une image terrible de la femme. On assiste donc à leur jugement sur l’autre moitié du peuple chrétien. Tu as ici deux sites assez bons

 


Comment est-ce que l’on est arrivé à cette situation? Observe ce site, il est centré sur le pouvoir des femmes au moyen-âge et tu retrouveras les traces d’Aliénor. Tu verras comment se crée petit à petit, depuis l’héritage grec et romain, une image lamentable de la femme. Une image construite en grande partie sur le refus du plaisir, sur le délire anti-sexe qui s’alimente implacablement

 

 

Une autre de bien plus explicite sur ce que le christianisme est arrivé à faire avec la femme, sur le sexe, le péché, la culpabilité, le détournement de la culture et de la langue
 


Navrant, n’est-ce pas? Mais, et les femmes là dedans? On ne pourrait pas contraster un peu cette vision si affligeante? Séverine Auffret présente sur ce site justement un séminaire sur la parole des femmes sous le régime du christianisme clérical. Elle veut répondre à certaines questions angoissantes: comment cela se fait que les femmes aient subi, souffert aussi longtemps, la satanisation, la séparation, la domination, la relégation, la haine phobique du christianisme clérical? Eh bien il se pourrait qu’elles ne l’aient pas toujours supporté, qu’elles aient parfois cherché les moyens d’y échapper, de s’y opposer...


Tu as déjà une idée de quelques voix féminines qui nous ont été conservées, laïques et non laïques. Il serait intéressant de suivre la piste de certaines d’entre elles. Il paraît que même les religieuses étaient loin de répondre aux expectatives masculines. Et combien de femmes obligées à entrer en religion, comme dans le cas d’Héloïse (l’épouse d’Abélard)...

Avec elle tu peux aborder le thème controversé de l’amour au XIIe siècle. Tu peux analyser ces adresses

 

 

Tu devras le commenter avec ton collègue, le critique littéraire, mais sans doute, si on parle de parole féminine et d’amour, d’amour humain, il faudrait voir du côté de l’amour courtois et des poétesses appelées trobairitz. Sur les territoires occitans la situation sociale de la femme est un peu différente au début du XIIe siècle, chose qui favorise une éclosion poétique formidable.

 


Et pour la première fois en occident la femme n’est plus simplement l’objet du poème, objet de désir et d’exaltation, elle devient aussi le sujet qui désire, qui parle et... qui écrit. Tu peux visiter cette brève et riche introduction

 


Tu peux aussi lire sur le réseau certaines de ces chansons. C’est presque un miracle que l’on ait conservé ces poèmes écrits par des femmes à l’époque d’Aliénor, très peu de ce que l’on a sûrement composé. Parce qu’à partir de la croisade contre les cathares le nettoyage culturel accompagna le nettoyage ethnique. Double censure donc, celle de l’église de Rome avec le phénomène courtois, et celle des critiques “modernes” qui se résistent à apprécier les poèmes des femmes dans la même mesure que celle des troubadours. Jette un coup d’œil, tu seras surpris par leur ton, parfois passionné, parfois insouciant, toujours ferme et sensuel...


Tu peux apprécier l’érotisme de la Comtesse de Dia, d’Azalais de Porcairagues, de Clara D’Andusa, de Bieris de Romans, de Tibors de Saremon, d’Iseut de Capio et d’Almucs de Castelnou.
Tu trouveras aussi des débats entre trobairitz et troubadours ou bien entre différentes trobairitz. Maria de Ventadorn discute avec Gui d’Ussel sur un nouvel aspect dans les rapports hétérosexuels: le fait que l’amour mette sur le même pied les amants, les rende égaux. Alais, Iselda et Carenza se lancent dans un débat réaliste sur l’amour et le mariage. Et ne rate pas la tensó entre Guilhema de Rozers et Lanfranc Cigala s’adressant des défis sexuels...

 

Toutes ces femmes s’opposent non seulement à la terrible image cléricale, parfois elles sont aussi bien loin de confirmer le stéréotype de la dame tellement tellement idéalisée, pure, chaste et presque immatérielle que nous ont légué les critiques romantiques (dans leur particulière vision de l’amour courtois). C’est un phénomène que l’on retrouve pour certaines œuvres littéraires qui font de la femme l’élément principal, actif et décidé, comme c’est le cas pour Tristan et Iseut, ou bien Aucassin et Nicolette, avec toute leur charge parodique

 

Ces modes littéraires nous informent sur l’essai de création d’une nouvelle image de la femme, d’un nouveau rapport avec l’homme, d’un ennoblissement des sentiments qui se manifestaient forcément en dehors du mariage (tu devras expliquer pourquoi). Des aspirations si féminines sont la preuve que ce type de littérature était inspirée, soutenue, nourrie par des femmes et pour des femmes. Regarde un peu cette page où l’on nous parle justement des “consommatrices” des produits culturels


Une autre ligne de recherche, puisque nous parlons de modes, serait précisément celui de l’apparence extérieure de la femme. Tu peux déjà imaginer le refus que cela provoquait chez les hommes d’église, ceux qui nous informent normalement. Visite cette curieuse page sur les seins féminins, leur tendance à se faire évidents et, en définitive, les problèmes de l’Église pour contrôler le corps de la femme


Tu peux trouver ici des infos sur les vêtements qu’elles portaient

 

Une autre page sur l’idéal de beauté à l’époque, sur son évolution. Il paraît que les blondes étaient déjà à la mode, aie...


 


Finalement dans un aspect plus domestique, et puisque ton collègue l’historien retrouvera tôt ou tard le menu de mariage d‘Aliénor et de Louis VII de France, voilà deux bonnes adresses sur la gastronomie médiévale, avec des recettes et beaucoup de scènes d’intérieur, le tout accompagné d’un bon graphisme

 


Étant donné que des membres de l’équipe c’est toi qui t’occupes spécialement du support graphique, voici deux sites entre des milliers où chercher des images, l’iconographie nécessaire sur le temps et l’espace, l’imaginaire, les animaux, le savoir et l’enseignement, l’homme, la femme, la famille, les métiers, l’invisible, les visages de Dieu, le pouvoir...


Et une toute dernière page splendide: Paris au temps de Philippe Auguste. Cherche dans la partie de vie quotidienne: l’approvisionnement dans la ville, la manière de s’habiller, les inondations, le mauvais temps, les cimetières, l’enseignement, les occupations des artisans, le livre médiéval...

 

 

Très très bien... tu viens de finir ton parcours personnel. Il te faudra maintenant réaliser un grand travail de synthèse puisque des trois spécialistes tu t’occupes peut-être d’une plus grande disparité de thèmes. Il serait de même intéressant que tu commences déjà à travailler sur l’idée générale du rapport (possible scène à choisir, structure de l'introduction, orientation, illustrations...) que tu devras compléter avec les infos recueillies par tes collègues et qui devra se compléter évidemment à la fin du 5ème bloc. Allez, bon travail...

 

 

 

 

 

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